Entre conviction et relation, la foi comme une dynamique ouverte

FIDES QUAE CREDITUR & FIDES QUA CREDITUR Tenir en équilibre ces deux maillons de la foi est gage d’une vie spirituelle stable et peut élever le niveau de tolérance dans l’église.

Nombreux sont ceux qui ont abandonné la vie d’église parce qu’ils ont été choqués par les propos d’un(e) prédicateur(trice).

 

Il est important de signaler qu’aujourd’hui, au truchement de l’internet nous pouvons accéder à divers enseignements parfois contradictoires qui contribuent à l’incertitude et probablement, d’une certaine façon, à l’abandon de l’église.

Il est possible de se poser certaines questions, par exemples :

Faut-il vraiment quitter ou abandonner une église parce que ce qui a été prêché contredit ce en quoi on croit ?

Est-il humain de détester ou de rejeter celui qui ne croit pas à ce en quoi on ne croit pas ?

Dois-je m’éloigner de l’église parce qu’une personne m’a mal parlé ou compris ?

Si je présume qu’on ne m’apprécie pas dans mon église, ai-je vraiment été réceptif à ce qu’on me reproche ?

Qu’en est-il de mon orgueil ?

Suis-je prêt à accepter que la vie spirituelle soit destinée aux humbles ?

Et puis, pourquoi sommes-nous capables de suivre une émission ou une série télévisée durant plusieurs heures et incapables de participer à un culte de 60 minutes ?

À examiner ces questions de près, on peut sous-entendre que l’intérêt est porté à notre foi. Cette force intérieure qui nous a poussés à dire : « je crois en Dieu ».

Maintenant, eu égard aux questions ci-dessus, en vertu de quoi ou sur base de quoi avons-nous cru pour qu’il nous soit possible d’être déracinés à cause d’une incompréhension, d’une différence ou d’une autre manière de dire les choses ?

 

À présent, nous pouvons être orientés à faire appel au latin pour éclairer notre compréhension de la foi. De prime à bord, il n’est pas question de se laisser impressionner par ces mots latins qui semblent être les mêmes à la différence de « Quae » et « Qua ».

Ceci nous amène à réfléchir sur les deux formes de foi que nous connaissons.

La Fides quae creditur, c’est-à-dire le contenu de foi que nous avons, les réalités que nous tenons pour vraies et que nous confessons. La foi à laquelle on croit, que l’on a pris l’habitude. L’ensemble de croyances – ou, pour être plus précis, un corps de doctrine. »

Fides qua creditur : la foi comme relation. C’est la foi par laquelle on croit, celle qui est au contraire dite subjective : elle qualifie le lien personnel que j’entretiens avec celui en qui je crois : ce n’est plus un contenu qui est désigné, mais une relation de personne à personne. C’est la foi que nous vivons, la confiance à laquelle nous sommes attachés. La relation que nous avons avec cette réalité à laquelle nous croyons. »

 

Ceci nous amène à  aborder les deux aspects de la foi : Fides quae creditur fait référence au contenu de la foi et des croyances considérées comme vraies et confessées par les croyants. Ce contenu de foi peut être considéré comme un ensemble de doctrines, un ensemble de croyances partagées par une communauté religieuse donnée.

Tandis que Fides qua creditur fait référence à la relation personnelle et à la confiance dans l’objet de foi, autrement dit, la relation personnelle qu’un individu entretient avec l’objet de sa foi.

Il s’agit d’un aspect subjectif de la foi, car il est basé sur l’expérience personnelle de l’individu et sur sa relation avec le divin.

Fides qua creditur ne se concentre pas sur le contenu de la foi, mais plutôt sur la confiance personnelle et la confiance qu’un individu a dans l’objet de sa foi.

C’est cette relation personnelle qui donne à la foi sa vitalité et son sens, car il ne s’agit pas simplement d’un ensemble de croyances, mais d’une expérience vécue de confiance et de dévotion.

La relation entre l’individu et l’objet de sa foi est profondément personnelle et intime, et elle est souvent décrite en termes d’amour et de dévotion.

En fin de compte, Fides quae creditur et Fides qua creditur sont des aspects importants de la foi, car ils fournissent un cadre pour comprendre et expérimenter le divin.

Ainsi, le contenu (les choses que je tiens pour vraies, auxquelles je crois) peut être bousculé par ce que je viens d’entendre mais si la relation est confiante et solide, on peut traverser les contradictions sans broncher ou trébucher.

Par ailleurs, la relation avec Christ permet de le connaître davantage, cependant cette connaissance du Christ ne doit pas être vue uniquement dans l’optique notionnelle ou livresque. Mais il est impérieux de se rappeler qu’elle se sollicite humblement dans la prière et le contenu de la foi se reçoit, se fortifie, se solidifie dans l’écoute de la prédication ou l’étude biblique.

Voilà pourquoi si nous parvenons à apprécier correctement notre relation avec Jésus et si nous nous efforçons d’être réguliers à l’écoute de la Parole de Dieu. Nous pourrions tenir les deux maillons de la foi pour résister face à ce qui est obscur devant nous.

La vie spirituelle peut être maintenue en tenant compte de cet équilibre du contenu et de la relation. Si une personne me prêche ou se présente contrairement à ce que je crois, je vais m’appuyer sur ma relation avec Christ. Si je traverse une nuit d’esprit où je sens l’absence de Dieu, c’est la prédication, la Parole de Dieu qui va alimenter ma foi comme « pain de vie », comme vecteur de foi.

Cela peut ouvrir un champ large de tolérance parce que nous pouvons prendre une distance par rapport ce que l’on tient pour vrai et qu’on doit toujours demander humblement la présence du Christ. Par conséquent, « l’offense » d’autrui n’aurait plus d’emprise sur moi parce que je serais en équilibre dans ma foi.

Pour dirimer (= réduire au maximum) les intolérances qui poussent à la haine, au rejet, au mépris mais aussi l’enlisement de notre foi, nous serons appelés à tenir ensemble les deux bouts de la chaine de la foi : « Le contenu et la relation ».

Aspirons à la foi-confiance dans le Christ

 

Lucien Philippe BARHEBWA

Pasteur EPUB-BOUSSU

 

Image : pixabay

arrow